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Arénicole

Nom scientifique
Arenicola marina

Autres noms
Buzuc, ver d’eau, ver des plages

Classification
Ver polychète sédentaire

Habitat
Vit dans un tube en forme de U sur les plages sableuses et jusqu’à 20 cm de profondeur. Repérable par un entonnoir (zone d’alimentation de l’animal) accompagné d’un tortillon (- aussi appelé « turricule » – qui correspond aux déjections de l’animal).

Régime alimentaire microphage
L’Arénicole est « psammivore » : il assimile les particules organiques et la méiofaune (bactéries, algues unicellulaires, protozoaires, animalcules, etc) en ingérant le sable.

Croissance
Mesure 10 à 25 cm de long

Un annélide polychète 

Les vers annélides polychètes représentent une très grande famille de vers principalement marins, parfois d’eau douce. Leur corps, dont la forme est très variable selon l’espèce, est constitué de plusieurs anneaux, divisés en différents segments sur certains desquels de petites soies sont visibles. Ces soies sont portées par ce qu’on appelle les « parapodes » qui servent généralement d’outil de locomotion. Sur certains segments, il peut également y avoir des petits bouquets de branchies externes. Certains de ces vers sont mobiles et sillonnent différents fonds en quête de proies, d’autres sont sédentaires et façonnent des récifs sableux comme l’Hermelle ou bien vivent enfouis dans les sédiments sablo-vaseux. C’est le cas de l’Arénicole.

L’Arénicole est de couleur très variable : du jaune-verdâtre au rouge-orangé, voire noirâtre selon la nature des sédiments où il vit.

La vie dans une galerie

Ce ver sédentaire passe l’essentiel de sa vie enfoui dans une galerie plus ou moins profonde qui forme un J ou un U. À la surface du sédiment, les deux extrémités de la galerie sont visibles : d’un côté le tortillon de sable rejeté et de l’autre une petite dépression en forme d’entonnoir, souvent très discrète. Pour que la galerie ne s’effondre pas sur lui, ce ver fabrique un mucus permettant de consolider sa structure. L’eau y circule de la partie où se trouve le tortillon et la queue, vers l’autre extrémité, permettant ainsi au ver de s’oxygéner. Les sédiments et les nutriments qu’ils contiennent suivent le sens inverse. Car en effet, c’est un animal « psammivore », c’est-à-dire mangeant du sable. Dans les sédiments qu’il avale, grâce à sa petite trompe dévaginable, sont contenus des débris organiques, des bactéries et microalgues. C’est l’essentiel de son alimentation. Le sable une fois « filtré » est rejeté à la surface.

Peu importe la marée, il reste toujours enfoui. À marée basse, il cesse de s’alimenter, rétracte ses branchies et met son système au ralenti pour survivre. Il n’y a qu’à l’automne, pour la reproduction, qu’il va s’aventurer hors de son trou et déposer sa semence en surface. Les courants s’occupent ensuite du reste et il retourne dans sa galerie.

Un ver multifonctions

Avant d’être un très bon appât de pêche, l’Arénicole est un maillon essentiel de l’écosystème marin.Si le milieu s’y prête, les arénicoles peuvent être jusqu’à cinquante (et même plus) individus par mètre carré. En creusant leur galerie, ils décompactent le sable et la vase. Le transport d’oxygène et de sédiments dans les galeries favorise ce qu’on appelle la « bioturbation » et « la bioirrigation ». L’oxygène circule mieux et plus profondément, permettant ainsi à d’autres espèces de s’installer (c’est la bioturbation), et les nutriments circulent davantage dans la colonne d’eau (la bioirrigation). Dans ces conditions, les sédiments sont ameublis et la biodiversité peut mieux s’épanouir.  Cela profite ainsi aux poissons comme aux oiseaux limicoles, dont l’alimentation se compose de nombreux vers ou petits mollusque enfouis.

Enfin, il est d’un intérêt tout particulier pour la médecine. Son mode de vie en fait un champion de l’apnée, et c’est possible grâce à une utilisation optimale de l’oxygène. Ces dernières années et surtout au cours de la pandémie dite COVID-19, il a été mis sous les projecteurs de la science. Une entreprise bretonne a valorisé les caractéristiques exceptionnelles de l’hémoglobine que possèdent ces vers. Cette molécule qui permet d’acheminer l’oxygène aux cellules d’un organisme est 250 fois plus petite qu’un globule rouge humain. Elle n’est ni immunogène, ni allergène et surtout 40 fois plus oxygénante. Une découverte miraculeuse pour ces scientifiques bretons. Les usages pourraient révolutionner les techniques et la réussite des transplantations d’organes et de pansements oxygénants. Pour venir en aide aux patients atteints de détresse respiratoire, plusieurs médecins de grands hôpitaux parisiens ont même soutenu son utilisation. Comme quoi, la nature nous réserve aussi (et surtout) de belles surprises.

Pour en savoir plus :

Arénicole

Arénicole – Vincent Toison, Agence des Aires Marines Protégées​

Turricules d’arénicoles – CPIE MO

Détail d’un ver arénicole – Wikimédia