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Espèces & habitats de l'estran

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Patelle

Nom scientifique
Patella spp.

Autres noms
Bernique, bernicle, chapeau chinois, brennik (Bretagne), Jambe (pronnoncer « hambe ») en patois charentais, Lappe (Pays-Basque), Arapède (Méditerranée)

Classification
Mollusques gastéropodes

Habitat
Sur les estrans rocheux et jusqu’à quelques mètres de profondeur. Fixée au rocher par son pied musclé formant une ventouse.

Régime alimentaire 
Principalement herbivore : broute surtout des algues rases, mais aussi des organismes et débris pris sur le rocher à l’aide de sa radula*.

Longévité
20 ans (8 cm max.)

Des chapeaux chinois aux casques gaulois 

D’où que l’on vienne, nous sommes quasiment tous capables de citer cette espèce de l’estran. Très répandus sur les côtes métropolitaines et d’ailleurs, les « chapeaux chinois » s’observent et se pêchent sans trop de difficultés. Ce nom original vient tout simplement de la forme conique des coquilles, faisant penser aux chapeaux traditionnellement utilisés par les cultivateurs de riz d’Extrême-Orient et d’Asie du Sud-Est.

En Bretagne, vous entendrez plus souvent parler de « bernique », de « brennik » ou de « bernik ». L’origine de ces noms est assez confuse, mais ils pourraient être des dérivés de la langue gauloise pour signifier un « petit casque » !

Du côté de la Charente-Maritime, quelques rares pêcheurs vont parleront encore de « hambe », avec un « h » bien accentué. Ce terme patois signifie « jambe », qui revient à parler du pied : certainement un rapport au pied musclé qui se ventouse au rocher !

Qu’importe le nom qu’on leur donne, il faut savoir qu’il existe de nombreuses espèces de patelles, et que leur biologie est pleine de surprises !

Un gastéropode à toute épreuve

Les patelles sont capables de coloniser tous les étages de l’estran, en montant parfois très haut. Sur la côte rocheuse, on les rencontre aussi bien dans les zones battues par les vagues que dans les zones calmes. Deux choses expliquent cette capacité d’adaptation. Selon les espèces, les stries et le profil plus ou moins conique de la coquille leur permettent de résister à l’assaut des vagues. Mais surtout, le mollusque possède un pied particulièrement musclé faisant office de ventouse pour s’accrocher au rocher. En plus de cela, certaines espèces secrètent un acide pour creuser un sillon leur permettant de s’ancrer encore plus fort sur les rochers calcaires. Ainsi « ventousées », les patelles restent très fermement accrochées au rocher à marée basse. En conservant une petite réserve d’eau sous la coquille, elles sont capables de rester plus de 6 heures hors de l’eau ! C’est l’un des mollusques les plus résistants de l’estran. Seuls d’astucieux goélands, certains mollusques perceurs (comme les pourpres) ou la lame solide d’un pêcheur peuvent en venir à bout !

Les vraies dents de la mer

Les patelles sont principalement herbivores. Elles « broutent » les jeunes algues qui se développent à la surface de la roche, mais s’attaquent parfois aux grandes algues brunes comme les fucus, les ascophylles ou les laminaires. Pour ce faire, elles utilisent leur radula, une sorte de longue langue pourvue de très nombreuses rangées de dents microscopiques et acérées. Dépliée, cette langue rapeuse lui permet de racler la surface des rocher et peut faire jusqu’à 1,5 fois la longueur de la coquille ! Observées au microscope, vous verrez que ces dents n’ont rien à envier à celles des requins… Le plus étonnant, c’est qu’elles sont constitués d’un matériau composite comportant des fibres de goéthite : l’un des minéraux les plus résistants au monde ! Cette découverte intéresse beaucoup les ingénieurs qui pourraient développer des coques de voitures ou fuselages d’avions beaucoup plus résistants…

Vous avez dit « homing » ?

Une autre curiosité des patelles réside dans la pratique du « homing« . Ce terme anglais signifie que la patelle retrouve toujours sa place après s’être déplacée pour manger. Des chercheurs ont étudié ce comportement en filmant des patelles la nuit à marée haute (le seul moment où elles se déplacent pour manger). Leurs déplacements sont assez limités, quelques dizaines de centimètres maximum, mais elles retournent systématiquement au même endroit pour se ventouser. Elles utilisent un mucus pour retrouver leur chemin et le coin de rocher où elles peuvent parfaitement s’accrocher.

En cuisine

Si certain.es l’apprécient crues toute juste décollée du rocher, d’autres la préfèrent cuite en ragoût ou au barbecue avec un beurre persillé. Dans tous les cas, mieux vaut choisir une espèce à la chair plus tendre ! C’est le cas de l’espèce ulyssiponensis, que l’on rencontre plutôt en bas d’estran et qui est souvent recouverte d’algues fixées à sa coquille. Sa chair orangée est plus tendre et goûteuse que les premières patelles que vous trouverez sur les rochers du haut de l’estran. A bon entendeur…

Rappel des réglementations :

Il n’y a pas de taille réglementaire, mais il est conseillé de ne prélever que les individus d’au moins 4 cm de diamètre.
En Méditerrannée, la Patelle géante (patella ferruginea) est quant à elle protégée !

Patelle

Patelles – M. Bernard

La Patelle vulgaire (commune) – CPIE MO

Patelles bien ancrées – CPIE MO

Patella ulyssiponensis (la meilleure) – CPIE MO