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Espèces & habitats de l'estran

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Araignée de mer

Noms scientifiques
Maja brachydactila (Manche, Atlantique), Maja squinado (Méditerranée)

Autres noms
Crabe de mai, couturière, « Moussette » pour les juvéniles (Bretagne-Manche), Gourgale, »p’lutte » pour les juvéniles (Charente-Maritime)

Classification
Crustacés

Habitat
Du bas de l’estran et jusqu’à 120-150 m de profondeur. Tous les types de fonds : parmi les rochers, sous les algues, sur fonds meubles. Migration descendante vers le large à l’automne (sous 50 m de profondeur) et migration ascendante pour se reproduire à la côte entre avril et juin.

Régime alimentaire omnivore
Se nourrit d’algues et de proies fixées au rocher ou peu mobiles (étoiles de mer, moules, petits crabes…).

Croissance rapide
Plus de 10 mues la première année, puis 2 environ la suivante où elle atteindra l’âge adulte.

Un grand crustacé, paré de multiples défenses

L’Araignée de mer n’en est pas vraiment une, sinon elle n’aurait que 8 pattes… En fait, c’est l’un des plus grands crabes de nos côtes ! Sa carapace peut mesurer jusqu’à 25 cm de longueur pour 18 cm de large, et les plus gros individus peuvent peser plus de 3 kg. Toutes pattes et pinces déployées, c’est assez impressionnant.

Plutôt d’un tempérament paisible comparé à d’autres crabes, elle peut néanmoins compter sur un bel attirail de défense et de camouflage. Sa carapace, fortement bombée, est pourvue de 5 longues « dents » épineuses sur chaque bord. Tous son dos est recouvert d’épines acérées et elle possède un rostre constitué de 2 autres longues « dents » épineuses. Ses longues pattes sont munies de griffes puissantes et ses deux pinces sont relativement tranchantes. Pour compléter cette panoplie de défenses, les araignées ont un certain talent pour le camouflage. Jeunes, elles sont capables de prélever des petites touffes d’algues, des hydraires, des éponges ou de petites anémones pour les fixer à leur carapace. C’est ce qui donne le côté « moussue » de la « mousette ». Avec des mues fréquentes les deux premières années, cette « culture » de camouflage occupe un temps important de leur existence ! Chez les grands adultes en mue terminale (contrairement à d’autres crabes, les araignées cessent de muer à partir d’un certain âge) le camouflage se fait de lui même, à mesure que différents organismes les colonisent : on appelle cela l’épibiose.

La « moussette » n’est pas une autre espèce !

Il est important d’en finir avec cette fausse croyance. La confusion qu’entretiennent certains pêcheurs eux-mêmes, commerçants et autres consommateurs friands de « fruits de mer » est pour le moins tenace ! Les « moussettes » fleurissent sur les étales de marchés et poissonneries au printemps. Ces savoureuses petites araignées, joliment décorées, ne sont autres que des juvéniles, ayant moins de 2 ans… Comme les adultes qui se rapprochent des côtes pour la reproduction, les juvéniles se font piéger par les pêcheurs. Généralement, ces petites araignées sont vendues avant même leur premier cycle de reproduction. Même si elles sont délicieuses, il faut garder cela à l’esprit et plutôt attendre de voir les plus grosses (des adultes) arriver sur les étales !

Une grande migratrice

Les Araignées sont connues pour effectuer des migrations importantes, liées notamment à leur cycle de reproduction. Durant l’automne et l’hiver, elles se réfugient au large par au moins 50 mètres de profondeur. Au début du printemps, une migration ascendante débute et d’immenses regroupements se retrouvent à proximité de la côte, jusque sur l’estran. Elles peuvent ainsi parcourir des dizaines de kilomètres. Parfois, elles sont tellement nombreuses qu’elles forment des tas sur le fond : cela faciliterait la recherche d’un partenaire et constitue une défense contre les prédateurs… La reproduction a lieu dès le printemps et pourra se poursuivre durant la belle saison. En fonction de sa taille, une femelle adulte peut porter 40 000 à 400 000 œufs grâce à ses larges plaques abdominales. Elle est également capable de stocker la semence de ses partenaires, dans des spermathèques, pour féconder ses œufs plus tard, et ainsi pondre 2 ou 3 fois à la belle saison ! Les milliers de petites larves regagnent le fond après quelques semaines passées à l’état planctonique, mais seules quelques araignées atteindront l’âge adulte…

Une fois la reproduction passée, les araignées effectuent leur mue (pour celles qui le peuvent encore) pendant l’été. Inutile alors de les pêcher, il faudra attendre l’année suivante pour qu’elles aient reconstitué leurs réserves et soient bien pleines !

Rappel des réglementations :
Taille minimale de capture : 12 cm de longueur (depuis l’arrière de la carapace jusqu’à la base du rostre)
Quota : 6 individus par jour et par pêcheur

Pour en savoir plus :

maja brachydactyla

Araignée de mer – F. Gully & M. Cochu – Estran 22

Une petite « moussette » – F. Gully  – Estran 22

Araignée dans une flaque d’estran – CPIE MO

Une belle gourgale en mue terminale – CPIE MO

Araignée en mue CPIE MO