Espèces & habitats de l'estran
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Crabe vert
Nom scientifique
Carcinus maenas
Autres noms
Crabe enragé, favouille, crabouillard, chancre, glazib (breton)
Classification
Crustacés
Habitat
Du haut de l’estran jusqu’à 60m. Dans tous les types de milieux : rochers, sables, vases, estuaires.
Régime alimentaire omnivore
Il se nourrit d’une multitude d’organismes marins (mollusques, autres crustacés, poissons, vers, algues…).
Croissance
Rapide la première année où il atteint environ 4 cm de largeur.
Longévité
4 à 5 ans (9 cm max.).
Un crabe pas si vert …
Le Crabe vert est une espèce très commune de l’estran. Il est facilement observable toute l’année, dans la zone de balancement des marées, dans le sable, la vase, ou encore dans les petites cavités des estrans rocheux.
Généralement sa carapace est verte sur le dessus et plutôt claire (jaune-orangée) en dessous. Jeunes, les crabes verts peuvent être assez bariolés, ils peuvent avoir un masque blanc et des taches noires sur le dos. Adulte, la carapace est aplatie, presque trapézoïdale, oscillant autour de 8 cm. Les plus vieux individus peuvent avoir des teintes bleutées, orangées voire rouges. Autre caractéristique utile à sa reconnaissance, les 5 « dents » de chaque côté des yeux, ainsi que 3 « dents » arrondies sur le front et ses deux antennes. Enfin, la dernière paire de ses pattes est plus aplatie.
A l’instar des autres espèces de crabes, les individus muent. La rigidité de sa carapace lui permet de se défendre des prédateurs, en revanche, elle limite la croissance. La solution est alors d’en changer. Le crabe fabrique sa nouvelle carapace sous l’ancienne, lorsque celle-ci est fin prête, il s’en extraie entièrement. La nouvelle, plus molle, se déploie en quelques heures. Ce changement est un temps délicat pour le crustacé, privé de son armure naturelle, il est vulnérable et facilement chassable.
… mais enragé
Son surnom de crabe enragé, lui vient surtout de son tempérament belliqueux. Les mâles ont un comportement très batailleur. Il est donc commun de l’observer les pinces levées au-dessus de la tête prêt à en découdre avec un adversaire. Cette attitude est aussi signe de défense lorsqu’une menace ou un dérangement se fait sentir.
Bien qu’il ne soit pas porteur de la rage, le crabe vert est cependant très parasité. Les protozoaires peuvent s’installer dans ses branchies. Les crustacés, (dont Choniosphaera maenalis) se nourrissent de son sang. Bien visible sur l’animal,le cirripède Sacculina carcini, la sacculine, proche des balanes, est un parasite fréquent. Une fois développé, on le repère au niveau de l’abdomen car il forme une poche orangée (logée dans l’espace entre le céphalothorax et l’abdomen) faisant penser à des œufs. Ce parasite peut occuper 50% de la carapace et se développe en absorbant les nutriments du crabe. Il altère également le fonctionnement des glandes endocrines comme la glande de mue ou la glande androgène. Par conséquent, le crabe ne peut muer et ne peut se reproduire. Pour cette raison, les crabes mâles sont alors féminisés en changeant de sexe.
Une tolérance à toute épreuve :
Dans la catégorie des ubiquistes, le Crabe vert est plutôt bien placé ! C’est une espèce qu’on rencontre sur tous les types d’estrans de l’Atlantique Est : rocheux, vaseux, zones d’estuaires, schorres… Il tolère des températures entre 0 et 30°C dans l’eau et s’acclimate très bien des changements de salinité. Hors de l’eau et dans un endroit frais et humide, il peut vivre plus d’une semaine !
Un crabe migrateur :
Le crave vert s’adapte aussi aux conditions de son environnement et aux variations saisonnières en effectuant des migrations.Les grands individus effectuent une migration tidale. Ils se déplacent vers le haut de l’estran à marée montante et redescendant vers le bas, au jusant. Aussi, au cours de l’année, pour faire face aux variations des conditions du milieu, les individus localisés en Europe du nord, s’éloigne du rivage, et s’enfouissent dans le sable plus au large. Ils remontent en zone intertidale au printemps.Enfin, les femelles grainées situées dans les estuaires, se déplacent en direction de la mer au moment de la reproduction.
Une alimentation diversifiée:
Il en est de même pour son alimentation, variée et opportuniste. Essentiellement carnivore, il se nourrit d’une multitude d’organismes marins : mollusques, annélides, crustacés, faune fixée, algues …Ce crabe est aussi détritivore et nécrophage (qui se nourrit de cadavres). A l’occasion, il peut se révéler cannibale et ainsi manger ses congénères.Principalement, actif la nuit, on le retrouve sur les plages avançant latéralement en quête de nourriture.
Bien que sur la défensive, il n’en demeure pas moins prédaté. Il est convoité par d’autres espèces, en faisant même un mets de choix et apprécié des oiseaux de rivages, des seiches et des pieuvres par exemple.
Le crabe vert est comestible mais reste peu prisé par les pêcheurs à pied pour une consommation directe, en raison de sa modeste taille. En revanche, il est apprécié pour préparer des sauces, soupes ou bisques. Il peut également être utilisé comme appât pour la pêche au bar, pêche du bulot.
Crabe vert – Franck Delisle
Crabe vert – Pointe de Gatseau, Ile d’Oléron – Violaine Coulange