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Espèces & habitats de l'estran

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 Palourdes grises

Noms scientifiques
Ruditapes decussata (Palourde européenne) et Ruditapes philippinarum (Palourde japonaise)

Autres noms
Clovisse, P’lourde (Charente-Maritime), parfois « coques bleues » en Manche

Classification
Mollusque bivalve fouisseur

Habitat
Zone de mi-marée et jusqu’à 10 m de profondeur, enfouie dans 6 à 15 cm de sable fin ou de vase.

Régime alimentaire suspensivore
Se nourrit de phytoplancton et de matières organiques en filtrant l’eau de mer.

Longévité
20 ans (8 cm max.) – record en France à 11 cm

Les palourdes japonaises et européennes, Ruditapes philippinarum et R. decussatus, sont des mollusques bivalves fouisseurs appartenant à la famille des Vénéridés. Cette grande famille compte près de 400 espèces à travers le monde. Ces deux espèces des estrans meubles (vases, graviers et sables) ou lagunes ont une aire de répartition très étendue.
L’espèce européenne est présente naturellement en Manche et en mer du Nord, en Atlantique, en Méditerranée, et même jusqu’au Congo ou en mer Rouge. La japonaise, originaire de l’océan Pacifique, a été introduite à Hawaï, au Canada puis en France où elle s’est implantée durablement sur les côtes atlantiques et méditerranéennes. Aujourd’hui les deux peuvent se côtoyer dans une même région et sur une même zone d’estran, même si l’européenne a tendance à se raréfier.

Pourquoi deux espèces et comment les différencier ?

La palourde est un coquillage relativement simple à distinguer d’autres bivalves fouisseurs comme les coques, praires ou tellines qui peuplent les estrans meubles. Ses deux valves sont striées de marques concentriques et rayonnantes serrées, formant ainsi un quadrillage sur la coquille. Elle est de forme ovale, plus ou moins bombé et légèrement allongé. Elle mesure quatre centimètres en moyenne, mais peut en atteindre huit de large dans de rares cas. Chaque année, des pêcheurs en découvrent au delà de 10 cm ! Sa couleur varie fortement selon les individus et son habitat : elle peut être très foncée, grise ou plus claire avec parfois des motifs et livrées étonnantes. Sur nos côtes, on trouve toutefois les deux espèces, qu’il n’est pas toujours facile de distinguer à l’œil nu.

Pourquoi avons-nous des palourdes japonaises au lieu de l’européenne, a priori locale et adaptée à notre milieu ? C’est une question très récurrente des pêcheurs à pied, tout comme celle de leurs différences.
Le remplacement de cette dernière par l’espèce introduite a débuté dans les années 1970 en France, lorsque l’activité de vénériculture (la culture des palourdes) s’est développée. La palourde japonaise était réputée pour sa capacité d’adaptation et sa croissance rapide. Elle a donc été « semée » sur de différents estrans, avant que la maladie de l’« anneau brun » n’atteigne les palourdes dans les années 1980 et réduise cette activité de culture marine. Depuis, ces palourdes introduites, plus résistantes, ont parfois complètement remplacé l’espèce européenne.

Comment les différencier ?!

 

Européenne

Japonaise

     

Forme de la coquille

Ovale, plutôt aplatie et avec un bord droit

Ovale, aspect plus arrondi et bombé

Stries

Stries rayonnantes très serrées et concentriques bien marquées, couleur plutôt grise.

Strie rayonnantes plus écartées et marquées. Souvent : présence de motifs en « damier » noir et blanc

Couleur à l’intérieur de la coquille

Blanc à jaune

Violacé

Siphons

Séparés sur toute la longueur, les deux trous en surface sont généralement plus distants

Joints sur les ¾ => les trous sont plus rapprochés

Forme de la lunule

Peu marquée, fine et droite

Épaisse, ovale et sombre

Habitat privilégié

Sable vaseux et graviers, mais pas de vase trop molle

Souvent un peu plus profond

Vase molle et sable vaseux

Souvent proche de la surface

Pour ne rien faciliter, les deux espèces peuvent s’hybrider... A l’œil nu, difficile alors de les distinguer !

La vie des palourdes

Les palourdes vivent à quelques centimètres sous le sédiment, où elles passent le plus clair de leur temps à filtrer l’eau pour se nourrir. En hiver, elles s’enfoncent davantage et ne s’alimentent quasiment plus. C’est pour cette raison qu’on observe des lignes de croissance plus sombres et épaisses sur les coquilles. Leur maturité sexuelle est atteinte vers 1 an pour les européennes (à partir de 2 cm) et à la deuxième année pour les japonaises. Quand l’eau atteint au moins 15°C, au printemps, c’est le moment de se reproduire. Une femelle peut émettre jusqu’à 3 millions d’ovules ! La fécondation se fait alors de manière externe, dans l’eau, au hasard (il y a donc beaucoup d’échecs !), et donne naissance à de petites larves qui se poseront dans la vase après quelques jours. Certaines années, une deuxième ponte s’opère à la fin de l’été. Bien que de très nombreux individus ne survivent pas aux premiers jours et mois de vie, cette stratégie s’avère suffisamment efficace pour renouveler les populations et le stock de palourdes sur les vasières.

Un met apprécié et réglementé

Européenne ou japonaise, la palourde est très populaire, délicieuse et se déguste à toutes les sauces ! Crues (quand la qualité de l’eau le permet), en cassolette, farcies… Les recettes ne manquent pas.

En France, il existe des gisements de palourdes qui attirent des milliers de pêcheurs aux périodes de grandes marées estivales. Pour certains où les ressources se maintiennent, on peut se demander comment ils peuvent résister à une telle pression de récolte… D’autres gisements ont fait les frais d’une pression de pêche trop importante, parfois renforcée par des conditions environnementales dégradées, et ont dû être fermés temporairement.

Bien qu’il soit assez facile de les pêcher (avec l’habitude et selon les zones), il est donc primordial de respecter les tailles et quantités réglementaires fixées dans chaque département !

Rappel des tailles minimales de capture en pêche de loisir :

3,5 cm pour la japonaise
4 cm pour l’européenne

 

Palourde européenne

Palourde européenne – F. Delisle

Palourde japonaise

Palourde japonaise – F. Gully & M. Cochu – Estran 22

En haut, la japonaise, en bas, l’européenne – CPIE MO

Trous de palourde, mais laquelle ? – CPIE MO

Les siphons de l’européenne – CPIE MO