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Espèces & habitats de l'estran

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Récif d’hermelles

Les hermelles appartiennent à la famille des Sabellariidés qui compte environ 110 espèces dans le monde dont deux en France : Sabellaria alveolata présente sur la zone de balancement des marées et Sabellaria spinulosa, principalement présente en Bretagne et qui vit plus profondément sur les fonds à cailloutis.

Une espèce ingénieure : du vers aux récifs

L’hermelle Sabellaria alveolata est un ver marin sédentaire qui vit dans un tube de sable, qu’il construit pour se protéger des prédateurs et qu’il ne quitte jamais. Les grains de sable qui composent ce tube sont sélectionnés selon leur forme et leur nature et sont collés entre eux grâce à une colle spéciale sécrétée par l’animal. Les mouvements de sable qui s’opèrent naturellement lors d’épisodes tempétueux au niveau des dunes, charrient des quantités de sable plus ou moins importantes sur les estrans, et fournissent ainsi à ces vers marins le matériau indispensable au développement de ces récifs.  

Présent sur les estrans rocheux et sableux, ce ver vit en colonie et ces associations de tubes les uns à côté des autres prennent des formes diverses et variées selon leur densité et forment ce que l’on appelle communément des « récifs d’hermelles » qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de centimètres et jusqu’à 1,50 mètre pour les plus imposants. En condition optimale, les massifs d’hermelles ont une croissance moyenne de douze centimètres par an.

Au niveau européen, la baie du Mont Saint-Michel (Bretagne) est connue pour abriter des récifs (appelés localement « crassiers ») qui s’étendent sur plus de 250 hectares. Une colonie compte en général 15 000 individus au mètre carré, mais des records de densité ont été relevés avec plus de 60 000 individus !

Réservoirs de biodiversité

À l’image des récifs coralliens, les récifs d’hermelles constituent de véritables réservoirs de biodiversité. Grâce aux multiples anfractuosités, fissures et micro-habitats présents, ils peuvent être colonisés par de nombreuses espèces qui s’y installent, s’y cachent ou se développent directement sur les parois récifales ou dans les tubes inhabités : mollusques, anémones de mer, ou encore poissons, crabes (notamment le crabe de rochers) et crevettes qui profitent de l’abri du récif et de ses ressources alimentaires.

Un inventaire exhaustif a mis en évidence que les récifs d’hermelles peuvent abriter jusqu’à 72 espèces différentes. Ils sont aussi très importants pour purifier les eaux (50 litres par heure par m² de récif !), protéger le littoral contre l’érosion et sont également de grands producteurs de larves planctoniques (premier maillon de la chaîne alimentaire).

Un habitat fragile à préserver

Malheureusement, ces bio-constructions, fragiles, ne sont pas exemptes des pressions qui s’exercent sur le littoral. Certaines sont naturelles comme l’action des vagues lors des tempêtes ou les périodes de grands froids qui peuvent abîmer les récifs ; d’autres sont anthropiques comme l’utilisation d’engins destructeurs pour la pêche à pied, le piétinement et l’écrasement par des promeneurs, la destruction pour l’aménagement des côtes ou encore la compétition avec d’autres espèces animales favorisées par l’activité humaine (moules, huîtres, crépidules…).

Pour l’instant, peu de mesures réglementaires existent à l’échelle nationale et européenne pour la protection de ces récifs. Certaines actions ont été mises en œuvre pour sensibiliser le grand public à leur existence, via notamment des campagnes pédagogiques avec installation de panneaux d’information sur certains sites (cas de la baie du Mont Saint-Michel).

Aussi, ces récifs font l’objet d’un programme de sciences participatives. Une campagne cartographique participative (en parallèle d’un suivi scientifique réalisé sur 12 sites répartis entre l’Angleterre, la France et l’Espagne) est actuellement menée dans le cadre d’un projet européen « REEHAB » qui vise à inventorier les lieux où est présente l’Hermelle sur les côtes européennes. Ce projet a également pour objectif de mieux caractériser l’état écologique de ces milieux dans le cadre des suivis d’habitats marins à l’échelle européenne. Les amateurs de pêche à pied ou de promenades côtières peuvent ainsi contribuer en prenant en photo les récifs d’hermelles qu’ils ont pu observer et en indiquant leur position sur le site internet du projet.

AVIS AUX PÊCHEURS À PIED
Les récifs hermelles sont fragiles. Évitez d’y pêcher et de les piétiner.

POUR EN SAVOIR PLUS

Récif d’hermelles

Récif d’hermelles à Longeville-sur-Mer en Vendée – Groupe associatif ESTUAIRE

Gros plan sur les galeries –CPIE MO

Massif isolé –CPIE MO

Joli massif  –CPIE MO

L’Hermelle hors de sa galerie  –S. Dubois / Ifremer