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Espèces & habitats de l'estran

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Crabe de rochers

Nom scientifique
Eriphia verrucosa

Autres noms
Crabe verruqueux, crabe jaune, Rochu, Chanc’ de roche (Charente-Maritime), Kràn rukyé (Pays d’Oc), Krank-melen (Breton)

Classification
Crustacés

Habitat
Vit uniquement sur l’estran, rarement en dessous 6m. Caché dans les anfractuosités rocheuses ou sous les rochers.

Régime alimentaire omnivore
Prédateur omnivore qui peut s’attaquer à toute sorte de proies : poissons, mollusques, crabes. Parfois nécrophage.

Croissance rapide
La femelle est adulte dès 3 cm. Croissance plutôt lente à l’age adulte. Taille maximale : 9 cm de largeur.

Longévité
Supposée longue.

Un crabe agressif

C’est un beau crabe, muni d’une carapace assez massive et hexagonale. Selon l’individu et l’âge, il peut être brun rougeâtre à jaune verdâtre, avec des nuances violacées parfois. Les articulations, surtout à l’intérieur des pinces, sont jaunes. Ses pattes sont recouvertes de soies. Certains l’appellent « crabe verruqueux », ou « ériphie », car son nom scientifique est Eriphia verrucosa. Il fait référence aux tubercules présent sur ses pinces, qui font penser à des verrues (mais qui ne sont que de petites bosses de la carapace). C’est un prédateur impitoyable, vif et agressif. Certainement aussi vif que l’Étrille et plus fort que le Tourteau… Il n’hésitera pas à s’ouvrir des huîtres, des patelles, casser des bigorneaux et bien sûr d’autres crabes (y compris de son espèce !) ou toute autre créature comestible moins protégée que lui. En ce sens, le crabe de rocher joue un rôle écologique majeur sur l’estran.

Les combats entre ces individus sont d’une rare violence. Les pêcheurs qui ont mis un beau « chanc’ » dans leur panier avec d’autres crabes se souviennent longtemps des bruits de craquements de carapaces qui s’en suivent… Ceux qui n’ont pas fait attention en le manipulant s’en souviennent aussi ! Ce crabe peut vous briser une phalange sans trop de difficulté. Prudence en le manipulant, surtout avec les enfants !

Lorsqu’il est dérangé, il se met immédiatement en position de défense : les pinces en l’air, il les claque, se dresse, fait face. Il n’a peur de rien ni de personne. S’il le peut, il regagnera sa cachette ou en trouvera une plus proche (et s’il y a déjà un occupant, plus petit… malheur à lui).

Une vie cachée

C’est un pur habitant de l’estran, ne descendant que jusqu’à moins six mètres : il a besoin de maintenir son organisme dans un taux d’humidité assez précis. Frileux, ce crabe est plutôt d’affinité méditerranéenne et ne remonte pas au dessus de la Bretagne. Crépusculaire et nocturne, il passe la journée dans ses abris, en général des anfractuosités de l’estran rocheux. On peut l’apercevoir en se penchant sous les « banches » (sur estran calcaire : micro-falaises formées par les couches de calcaires) ou au bord des récifs d’hermelles, parfois même sous les mêmes blocs mobiles que ceux fréquentés par les autres crabes.

En Charente-Maritime, où il a longtemps été pêché, la destruction des banches à coups de pioches a été pratiquée pour le sortir de ses cachettes… Heureusement, il est désormais interdit de le faire et cette pratique a disparu ! C’était (et encore aujourd’hui) un crabe très apprécié pour sa chaire fine, sa belle taille et sa grande résistance. Dans un trou humide ou une bassine d’eau de mer, on peut le conserver vivant près d’une semaine ! Ne les laissez pas sans surveillance, ils ont vite fait de se faufiler ! On connaît des traces de sa pêche par les humains depuis le néolithique. Au milieu du vingtième siècle, c’était le crabe le plus pêché après le tourteau… Les temps changent !

Absent de la réglementation…

Bien que des discussions soient en cours avec les services de l’Etat pour attribuer une taille réglementaire de capture (comme pour l’étrille par exemple), cette espèce n’a jamais fait l’objet d’une réglementation particulière… Deux raisons à cela : soit que l’on ne s’en préoccupait pas, soit qu’il avait quasiment disparu. C’était le cas en Charente-Maritime à partir des années 1970. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : successions d’hivers trop froids pour lui, pression de pêche trop importante (entre essor touristique et pêche d’anciens…). Ainsi, le « Chanc’ de roche » est sorti des radars, avant de repeupler progressivement l’estran à partir des années 2000. Aujourd’hui, il est très répandu et les pêcheurs s’y intéressent de nouveau ! Il est donc temps d’adapter la réglementation pour que longtemps encore on puisse bénéficier de ce beau crabe sur « nos » roches.

Un joli regard  – CPIE MO

Une femelle grainée – CPIE MO

En position de défense – CPIE MO

Une grosse pince broyeuse – CPIE MO